Chris Filardi est un biologiste qui vient de passer vingt ans à la recherche d’un spécimen de martin-chasseur à moustaches, dont seuls deux individus avaient été observés jusqu’ici, dans les années 1920. Sur les îles Salomon, il en a finalement découvert un, puis l’a tué pour « mieux l’étudier ».
C’est le 23 septembre dernier que Chris Filardi, biologiste et directeur de recherche à l’American Museum of Natural History a enfin découvert et photographié un spécimen d’oiseau qu’il recherchait depuis une vingtaine d’années : le martin-chasseur à moustaches (Actenoides bougainvillei). Un mâle qu’il a découvert sur une des îles Salomon, dans l’Océan Pacifique.
Le premier mâle jamais observé
« C’était comme de trouver une licorne. C’est inimaginable. Vous en avez rêvé. Vous pouviez presque le sentir. Et soudain, il est là », a notamment déclaré le biologiste. En effet, jusqu’ici aucun mâle n’avait jamais été observé, seules deux femelles ont pu l’être dans les années 1920. L’espèce compterait entre 250 et 1 000 individus adultes répartis entre les îles Salomon et la Papouasie Nouvelle-Guinée.
Seulement, sitôt photographié, Chris Filardi a fait le choix de prendre la vie de l’oiseau, pour la science, justifiant que « collecter un spécimen » est une pratique courante pour connaître une espèce et ainsi mieux la protéger. Une décision qui fait polémique au sein de la communauté scientifique, d’autant plus de par la rareté du contact entre l’animal et l’Homme. « Tuer au nom de la conservation, ou au nom de l’éducation ou au nom de quoi que ce soit doit cesser. C’est une erreur et cela représente un précédent horrible pour la recherche future et pour les enfants », s’inquiète le biologiste de l’Université du Colorado Marc Bekoff. « Quand le meurtre d’animaux va-t-il s’arrêter ? » conclut-il.